Pour la journée de la visibilité Bi, J’ai souhaité donné la parole aux princpaux.pales concernés.ées. Marie nous illumine sur une sexualité trop souvent stigmatisée.
Bonjour Marillumine, peux-tu te présenter et nous parler brièvement de ton parcours personnel et de ce qui t’a amené à te reconnaître comme bisexuelle ?
Enchantée ! Je suis Marillumine, illustratrice et militante, co-créatrice du Bi·stro, un café d’échanges entre personnes bi/pan et en questionnement (à Tours et alentours). Je sais que je suis bisexuelle depuis mes 20 ans environ, et j’ai fait mon Coming-Out vers 22 ans.
Comment as-tu découvert ta bisexualité et quels ont été les moments clés dans ce processus de découverte ?
J’avais beaucoup d’indices sous la main, mais j’ai eu du mal à les associer : déjà parce que j’ai été amoureuse d’un garçon pendant de longues années, et que je pensais que mes émois envers les filles étaient universels ! “Bien sûr que tout le monde aime embrasser ses copines (plusieurs fois et longtemps)…” Ensuite je suis tombée amoureuse d’une fille et ça a été une évidence. Et aussi j’avais enfin quitté mon milieu rural, j’étais arrivée en ville, et j’ai rencontré beaucoup plus de personnes queers : donc plus d’espaces pour poser des questions et pour trouver le mot qui me convient, je suis bisexuelle !
Quels défis ou obstacles as-tu rencontrés en venant au grand jour avec ta bisexualité ? Comment les as-tu surmontés ? As-tu rencontré des préjugés ou des stéréotypes spécifiques envers la bisexualité, et comment y as-tu fait face ?
J’ai connu le très classique “on comprend que tu aies besoin d’expérimenter”, “c’est une phase” de la part de proches. L’habituel “mais tu couches avec tout le monde du coup”. Le populaire “tu sais pas tant que t’as pas essayé”. (Si si, je sais, merci d’arrêter de définir les gens par leurs pratiques). Une des difficultés que je continue à rencontrer c’est le coming out permanent : je suis perçue comme hétéro ou lesbienne selon la personne avec qui je suis en relation, et j’ai l’impression de devoir toujours expliquer que je peux aimer tous les genres !
Et puis, il y a le rejet de la communauté lesbienne : les stéréotypes selon lesquels les bies sont “justes curieuses” et vont “exploiter les lesbiennes” pour se faire un expérience… On m’a déjà dit que j’étais dégoutante d’avoir eu des rapports avec des personnes ayant un pénis (ce qui est par ailleurs très transphobe), on lit encore que les bies ramènent des maladies, et des lesbiennes qui sont “fières” de n’avoir jamais connu d’homme… Ce sont des exceptions évidemment, mais qui véhiculent encore des idées biphobes et j’ai hâte qu’on avance là-dessus.
Aujourd’hui on parle de plus en plus de relations saphiques (qui regroupent toutes les femmes qui aiment les femmes), et ça me convient bien mieux !
Comment as-tu trouvé du soutien ou des ressources pour t’aider dans ton parcours en tant que personne bisexuelle ?
La communauté locale, les zines, les copaines… aujourd’hui il y a des groupes de parole ou de militance Bi+ dans de nombreuses villes de France ! Sur le Bi·stro, on partage régulièrement des ressources, et on ne s’abonne qu’à des comptes concernés, pour faire une “bi·bliothèque” à la disposition de celleux qui en auraient besoin.
Quelle est, selon toi, l’importance de la visibilité bisexuelle dans la société actuelle ?
On entend encore que les bi+ n’existent pas, qu’on est des personnes en questionnement constant, les fameux “indécis”. L’enjeu pour moi c’est d’arrêter l’invisibilisation : chaque fois qu’une personne Bi+ populaire fait son Coming-out, on regarde ses relations à la loupe mathématique pour définir son ratio d’hétéro/homosexualité… La bisexualité n’est pas une statistique basée sur le genre nos partenaires, c’est une orientation sexuelle à part entière.
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui se questionne sur sa bisexualité ou qui souhaite mieux comprendre cette orientation ?
On a le droit d’essayer. C’est une opinion assez impopulaire, mais on est pas obligés d’être sûr.e.s avant d’avoir des expériences. C’est ok d’être curieux/curieuse, c’est ok de se questionner, on est pas toustes prêt.e.s/on a pas tous envie de mettre des mots sur nos sexualités et nos romances, et le temps de découverte est parfois nécessaire ! Donc vivez vos désirs avec authenticité, prenez soin de vos partenaires, mais que ce soit demain ou jamais prenez votre temps : le bon mot-ment il est à vous.
Comment peux-tu encourager les autres à soutenir et à célébrer la diversité des orientations sexuelles ?
Faites des espaces inclusifs ! Je comprends le besoin de créer des espaces exclusivement queers, mais il me semble important de pouvoir ouvrir certaines festivités à celleux qu’on aime : je connais beaucoup de personnes bies+ qui aimeraient partager leurs loisirs avec leur(s) partenaire(s), mais n’osent pas venir par peur d’être stigmatisé.ées ou perçus.e.s comme “hétéros”. Ouvrez les portes parfois, à nos amours, à nos enfants, à nos alliés.ées !
Marillumine et moi-même vous remercions pour la lecture et espérons vous avoir aidé à mieux comprendre la bisexualité et peut-être aussi à vous avoir éclairé sur votre propre sexualité.
Retrouve sur Instagram @marillumine et ses illustrations ainsi que le compte @le_bi.stro un café d’échange et de soutien entre personnes bi.pan.sexuelles.
Amandine, créatrice de la marque de vêtements et accessoires aux couleurs de nos belles fiertés @myfrenchietomboy.